Back to the Future… en Birmanie!!!

L’organisation d’un séjour de trois semaines en Birmanie a finalement été assez facile. Entre les contraintes politiques, qui nous compliquent ou interdisent l’accès à une bonne partie du pays, et les contraintes financières, qui ne nous permettent pas de prendre l’avion, les choix ont été simples, efficaces et restreints. Pas de regrets pour autant, puisque la suite de notre aventure nous le confirmera, le quotidien birman est amplement suffisant à satisfaire notre curiosité.

Nous avons débuté notre périple par l’ancienne capitale dénommée Yangoon, qui a perdu son titre depuis la délocalisation des administrations dans la ville obscure de Naypyidaw. Elle reste aujourd’hui le principal point d’accès pour les étrangers, bien que son intérêt touristique soit pour le moins limité. Quelques routards à la bourse légère, comme nous, se retrouvent donc ici en transit pour quelques jours. La première découverte que nous faisons, en dehors des deux artères principales cimentées, est bien le faible développement des alentours et l’impression que le temps s’est arrêté dans les années 60. Les voitures déglinguées, une mode déjà bien usée et la « campagne tropicale » qui borde le centre ville confèrent étrangement à la plus grosse ville du pays un air de bourg commercial un peu défraichi. Est il utile de préciser que le contraste avec la rutilante Bangkok est saisissant?

Nous découvrons du coup tranquillement les étapes incontournables réservées au voyageur sac à dos: changer ses dollars et acheter des billets de bus pour notre prochaine destination.

Après avoir évité sagement les propositions de courtiers indiens dont le taux était trop avantageux pour être honnête, nous acceptons le change de quelques centaines de dollars en monnaie locale (il n’y toujours pas de cartes de paiement, ni d’ATM en Birmanie). L’opération se déroule tout naturellement à même l’étal d’un des nombreux stands du marché couvert. Et nous repartons avec notre liasse de 130 billets locaux, par deux fois recomptés et maintenant débordant de la sacoche, de quoi affronter sereinement les semaines à venir.

Avant le départ pour notre prochaine étape, nous sommes alertés par une touriste italienne de la fâcheuse habitude qu’ont les birmans de pratiquer des prix pour les étrangers excessivement plus importants que pour les birmans. Après un étonnement passager, nous pouvons constater par nous même qu’effectivement, le prix des billets de bus qui nous avait été annoncé par plus de 8 revendeurs différents était simplement deux fois plus élevé que pour les autres voyageurs. Nous positivons en considérant que cette étape aura pour été instructive et nous nous préparons pour la suite.

Le voyage vers le site archéologique de Bagan restera mémorable, tant la route est chaotique et le bus inconfortable. Nous arrivons ainsi soulagés, avec 2 compatriotes rencontrés en chemin, à une heure très matinale. Le temps de trouver un endroit sain et abordable pour poser nos affaires et nous commençons la découverte du petit village animé de Nyaung-Oo accompagnés d’Antoine et de Floriane. Après avoir expérimenté le transport local, nous acceptons de nous mettre au rythme birman et décidons de se donner quelques jours pour découvrir le coin. Sage décision, qui nous procure une certaine liberté dans notre organisation.

Nous pouvons en effet visiter à vélo sans se presser les stûpa bouddhistes qui nous intéressent, trouver de jolis points de vue pour le coucher de soleil et même passer une journée « en famille » afin de nous plonger dans les habitudes culinaires locales. Nous détonnons ainsi avec les touristes majoritairement venus en tours organisés. Si cela nous permet de faire des rencontres, nous avons aussi le temps de vivre, faire la sieste aux heures les plus chaudes et trouver quelques bonnes adresses pour se restaurer.

L’étape suivante nous pousse à Monywa. Le transport est tout aussi mémorable et coloré que notre précédente expérience. Après quelques heures de bateau local qui nous permettent de remonter l’Irrawaddy jusqu’à Pakokku, nous enchaînons pick-up et minibus local jusqu’à notre destination finale. Attirés ici par la promesse d’un des plus gros marchés d’or et de tissus d’Asie du Sud-Est, nous allons de déception en déception. Passée la grosse artère commerciale, nous éprouvons des difficultés à trouver du charme à cette ville bruyante et agitée. A cela s’ajoute la médiocrité de notre hôtel, un des rares abordable qui accepte les touristes. Nous comprenons ainsi que sortis des circuits traditionnels, il peut s’avérer difficile de se loger correctement. Monywa est donc une étape qui a vocation à le rester. Nous prenons nos affaires dès le lendemain et partons avec le même bus que la veille pour la ville impériale de Mandalay.

Ralentir. Nous élevons ce verbe au rang de philosophie. Pour les voyageurs de long court que nous sommes, cela veut dire poser les sacs et les disperser allégrement mais aussi dormir, sentir et apprécier le charme caché de certains endroits plus difficiles à appréhender que d’autres. En effet Mandalay, dans le centre du Myanmar, nous apparaît au premier abord compliquée, polluée et sans intérêt. Habitués que nous sommes à ce genre de déconvenues, nous savons aussi faire preuve de persévérance. Sortis du bruit du centre ville, nous relions à pieds les différents quartiers en évitant soigneusement les heures les plus chaudes, où le thermomètre dépasse sans problème les 45°C au soleil.

De cette manière, nous dénichons plusieurs marchés, notamment celui du Jade avec ses nombreux artisans, revendeurs et acheteurs. Nous découvrons aussi les fabriques de feuilles d’or destinées aux statues de bouddha, les préparatifs du nouvel an Boudhiste (water festival) autour des enceintes du palais royal, les quartiers populaires sortis d’un autre temps, sans oublier les couchers de soleil toujours plus surprenants sur le fleuve, les stûpas dorés ou encore les rues animées du centre ville.

Tout cela nous incite à prolonger notre séjour et à explorer en pick-up ou en vélo les alentours de la ville. Sans faire preuve de grande originalité touristique, nous visitons les monastères, stûpas et autres curiosités locales dans les capitales royales de Sagaing, Mingun et Amarapura. Dans cette dernière, nous ne manquons pas d’assister au déjeuner (sûrement trop touristique) des Monks et de nous balader sur le Pont d’Ubein, le plus long du monde (1,2 km) construit entièrement en teck.

Mandalay, c’est aussi pour nous l’occasion de mieux manger, de sortir du cercle vicieux (et un peu… gras) des fritures, nouilles et autre riz sautés et de découvrir pour notre plus grand bonheur les saveurs de la cuisine Shan.

Nous sommes toutefois particulièrement déconcertés par les nombreuses coupures d’électricité, l’interdiction de se regrouper et les promenades en ville à l’aveuglette une fois la nuit tombée. Nous apprenons au jour le jour comment ces contraintes influent fortement sur le rythme de cette grosse bourgade, capable de prendre du même coup des allures de village endormi.

Au final, on peut dire que la Birmanie s’est offerte à nous dans son quotidien et par l’accueil chaleureux de ses habitants. Elle est de loin le pays dont le nombre de sourires n’a d’égal que le nombre démesuré de pagodes et stûpas. Nous n’avons pas constaté d’accumulation de richesses individuelles ici, ce qui ne semble pas nuire au bonheur de la population. Bien sûr, il est certaines réalités dont nous ne pourrons témoigner tant elles sont enfouies et préservées pour les simples touristes que nous sommes. Ce sont bien sûr celles de la dictature et des privations de liberté qui pèsent comme une chape de plomb au dessus des birmans. Sachant que la liberté de parole se paie ici comptant, il aurait été irresponsable de mettre en danger les personnes avec lesquelles nous avons été en contact. Encore des secrets bien gardés donc, que nous rêvons de voir un jour relayés dans les livres, au chapitre Histoire.

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4 commentaires pour Back to the Future… en Birmanie!!!

  1. Antoine R dit :

    Superbe blog, bravo ! Nous voici de retour a BKK dans chinatown et que de souvenirs a mettre en ordre. On a termine le voyage en passant une soirée avec un français vivant a yangon depuis quelques années et qui nous a donne une vision complémentaire du pays. Toujours a BKK ?

  2. Eric Zzzz dit :

    Je savais pas qu’il y avait des brigades des stûp à vélo boudhistes en Birmanie. Bon j’ai peut-être lu un peu vite….Bises du champion de la rue Championnet.

  3. Marronnier M dit :

    Quel beau récit, cela nous manquait vraiment. je vais aller voir les photos !
    Bises

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